Objets
Aux couleurs de la nuit
vous chantez doucement.
Du noir sur le noir
voilà ma complainte.
Je trouverais de l'espoir
dans un seau de goudron.
Vous êtes les petits temples
incertains
de la certitude,
vous êtes des nids de poussière
tout juste bons
à étouffer le cri
pour quelque temps.
Je joue tout seul
sans partenaire,
ne fermez pas les yeux,
je vous parle peut-être
mais je n'en suis pas sûr.
Objets de pauvreté
vous êtes ma richesse
au cœur du désespoir.
Chaque chose a son histoire
elles parlent entre elles
pour raconter la mienne.
Vous êtes cadeaux d'abandon
cloués de parcelles de joie
en éclats brefs.
Fragiles animaux
en vos frêles bicoques,
vous jouez à des jeux idiots,
la tristesse et la douleur
n'en sont pas absentes.
Vous jouez avec moi,
et je joue avec vous,
ceux qui nous regardent
ont quelquefois
le sourire aux lèvres
alors nous avons gagné
au jeu de la vie.
Nous avons gagné un tour de plus.
De-ci de-là couci-couça
objets précaires vous parlez pour moi,
aujourd'hui j'ai envie de me taire.
L'alphabet des choses parle pour moi.
Bouche cousue
je vous parle en aveugle,
bouche cousue.
Silencieux est l'alphabet des choses,
c'est un spasme immobile
gelé par la colle.
Ce sont objets d'abandon,
bouquets de débris,
ce sont les murmures de l'errance,
travail des mains folles,
en crises.
Objets du hasard
je cherche un chemin
qui n'existe pas
dans une ville inconnue.
Des jalons pour demain
s'il veut bien exister.
Vous n'avez pas de sens
si ce n'est celui de ma tendresse.
Image d'enfance à jamais perdue.
Vous n'avez pas de sens
si ce n'est par vous
de retrouver l'étincelle
dans le regard de mon amie.
Beaux à mes yeux
comme un sourire dans un hôpital ;
fait de rien
fait de tout.
Vous êtes ma raison
vous êtes ma folie.
Vous êtes le fil sur lequel je marche
pour aller je ne sais où.
Un jour dans l'autre
attendant le miracle.
Je vous fais
je vous défais,
il n'est pas quotidien
loin s'en faut,
il est l'aumône
que la vie me fait parfois.
Je vous trouve comme
on vous a perdus,
pour chercher quelque chose
couleur d'imprévu.
Par un geste parfois
j'aide à votre rencontre.
Je scelle par un sourire
le mariage de la carpe et du lapin.
Louis Pons, extraits de "L'objet et le reste", réédition Fata Morgana, juillet 2008.
Contribution d'Alain Paire. http://www.galerie-alain-paire.com/
Fragments d'une "Auto-biographie succinte" de Louis Pons.
"Né à Marseille en avril 1927. Études primaires. Apprend le métier d'ajusteur. Ne l'exerce jamais... Petits métiers. Dessinateur de presse à la Libération dans les journaux issus de la Résistance à Marseille. Comptable un mois (une addition fausse). Vendanges. Travaux agricoles (très brefs). Peinture en bâtiment (six mois).
A 21 ans, sanatorium à Hauteville (un an et demi). Malade, vit à la campagne dans de nombreux villages de Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches du Rhône puis du Var.
Rencontres importantes : l'œuvre de Joë Bousquet, les dessins de Louis Soutter, les aphorismes de Lichtenberg. Réalise environ 2.000 dessins à l'encre de Chine, de nombreuses gravures sur bois ou sur cuivre et des lithographies entre 1948 et 1969, notamment dans l'atelier de Berto à Marseille.
Troubles visuels. Publie des réflexions sous forme d'aphorismes sur le dessin chez l'éditeur Robert Morel en 1968 (repris et complétés aux éditions Fata Morgana en 1992 et 2001). Ses premiers assemblages datent de 1959 et sont présentés en 1962 à la galerie Alphonse Chave à Vence. Vit à Paris depuis 1973, quelquefois dans le Midi. Expose à la galerie Claude Bernard depuis 1984."
L'écriture n'est pas dans la vie quotidienne de Louis Pons quelque chose de périphérique, il montre à son endroit une belle constance : "On parle d'achever un dessin. Faut-il qu'il soit malade !" ... "Les objets parlent entre eux, ma voix ne doit pas les couvrir".... "J'ai du désespoir à revendre, je peux même vous faire des prix"... Sur le site de la galerie Alain Paire, on trouve le récit de sa rencontre à Carcassonne avec Joë Bousquet , ainsi qu'un portrait de son ami Lucien Henry qui lui présenta autrefois Jean Hugues ; ce dernier l'exposa dans sa galerie du Point Cardinal entre 1969 et 1980.
Parmi ses catalogues, on mentionnera en 1996 un grand volume de plus de 200 pages avec de nombreuses illustrations ainsi qu'un portrait par Henri Cartier-Bresson imprimé par le centre d'art contemporain de Noyers-sur-Serein, texte de Gilbert Lascault, éditions Le Lit du vent, ainsi que Correspondances silencieuses 1947-2000, publication du Musée de Martigues coordonnée par Gérard Fabre, éditions Images en Manoeuvres/ Musée Ziem, juin 2002. Récemment paru "Passeurs de frontières, Bettencourt/ Chaissac / Pons", Abbbaye Auberive, juin 2008.
Louis Pons a publié des textes dans ses catalogues et dans des revues : entre autres, Chorus de Franck Venaille, Regard de Marie Morel, Area d'Alain Avila, L'Oeuf sauvage de Claude Roffat et Travioles. Il avait réalisé pour les éditions Robert Morel la couverture d'Urgent crier d'André Benedetto ainsi que quatre hors texte pour un recueil de Jean Todrani publié par André Dimanche. Il rédigea pour le musée Cantini de Marseille la préface du catalogue Louis Soutter (Actes-Sud) et se souvient volontiers d'amis d'autrefois comme Robert Malaval, Boris Bojnev et Jean Amado. Cf. aussi un article de Michel Braudeau paru dans Le Monde le 6 Mars 2004 ainsi que Louis Pons par Louis Pons, collection Autoportrait, éd. Cercle d'Art 1998.
Quatre recueils illustrés avec ses dessins ou ses eaux-fortes aux éditions Fata Morgana :
Le dessin, l'objet et le reste (1992).
Connivences secrètes (2001).
Portraits de peintres (2003).
Dernières nouvelles de l'oubli (2008).
Voir aussi une note détaillée et trois reproductions d’œuvres
http://www.claude-bernard.com/artiste.php?artiste_id=67 sur le site de la Galerie Claude Bernard
Nombreuses reproductions sur ce site
http://forum.psrabel.com/beitraege/pons/pons2.html
Index de Poezibao
http://poezibao.typepad.com/poezibao/index_gnral.html
Une de Poezibao http://poezibao.typepad.com/
"Né à Marseille en avril 1927. Études primaires. Apprend le métier d'ajusteur. Ne l'exerce jamais... Petits métiers. Dessinateur de presse à la Libération dans les journaux issus de la Résistance à Marseille. Comptable un mois (une addition fausse). Vendanges. Travaux agricoles (très brefs). Peinture en bâtiment (six mois).
A 21 ans, sanatorium à Hauteville (un an et demi). Malade, vit à la campagne dans de nombreux villages de Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches du Rhône puis du Var.
Rencontres importantes : l'œuvre de Joë Bousquet, les dessins de Louis Soutter, les aphorismes de Lichtenberg. Réalise environ 2.000 dessins à l'encre de Chine, de nombreuses gravures sur bois ou sur cuivre et des lithographies entre 1948 et 1969, notamment dans l'atelier de Berto à Marseille.
Troubles visuels. Publie des réflexions sous forme d'aphorismes sur le dessin chez l'éditeur Robert Morel en 1968 (repris et complétés aux éditions Fata Morgana en 1992 et 2001). Ses premiers assemblages datent de 1959 et sont présentés en 1962 à la galerie Alphonse Chave à Vence. Vit à Paris depuis 1973, quelquefois dans le Midi. Expose à la galerie Claude Bernard depuis 1984."
L'écriture n'est pas dans la vie quotidienne de Louis Pons quelque chose de périphérique, il montre à son endroit une belle constance : "On parle d'achever un dessin. Faut-il qu'il soit malade !" ... "Les objets parlent entre eux, ma voix ne doit pas les couvrir".... "J'ai du désespoir à revendre, je peux même vous faire des prix"... Sur le site de la galerie Alain Paire, on trouve le récit de sa rencontre à Carcassonne avec Joë Bousquet
Parmi ses catalogues, on mentionnera en 1996 un grand volume de plus de 200 pages avec de nombreuses illustrations ainsi qu'un portrait par Henri Cartier-Bresson imprimé par le centre d'art contemporain de Noyers-sur-Serein, texte de Gilbert Lascault, éditions Le Lit du vent, ainsi que Correspondances silencieuses 1947-2000, publication du Musée de Martigues coordonnée par Gérard Fabre, éditions Images en Manoeuvres/ Musée Ziem, juin 2002. Récemment paru "Passeurs de frontières, Bettencourt/ Chaissac / Pons", Abbbaye Auberive, juin 2008.
Louis Pons a publié des textes dans ses catalogues et dans des revues : entre autres, Chorus de Franck Venaille, Regard de Marie Morel, Area d'Alain Avila, L'Oeuf sauvage de Claude Roffat et Travioles. Il avait réalisé pour les éditions Robert Morel la couverture d'Urgent crier d'André Benedetto ainsi que quatre hors texte pour un recueil de Jean Todrani publié par André Dimanche. Il rédigea pour le musée Cantini de Marseille la préface du catalogue Louis Soutter (Actes-Sud) et se souvient volontiers d'amis d'autrefois comme Robert Malaval, Boris Bojnev et Jean Amado. Cf. aussi un article de Michel Braudeau paru dans Le Monde le 6 Mars 2004 ainsi que Louis Pons par Louis Pons, collection Autoportrait, éd. Cercle d'Art 1998.
Quatre recueils illustrés avec ses dessins ou ses eaux-fortes aux éditions Fata Morgana :
Le dessin, l'objet et le reste (1992).
Connivences secrètes (2001).
Portraits de peintres (2003).
Dernières nouvelles de l'oubli (2008).
Voir aussi une note détaillée et trois reproductions d’œuvres
http://www.claude-bernard.com/artiste.php?artiste_id=67 sur le site de la Galerie Claude Bernard
Nombreuses reproductions sur ce site
http://forum.psrabel.com/beitraege/pons/pons2.html
Index de Poezibao
http://poezibao.typepad.com/poezibao/index_gnral.html
Une de Poezibao http://poezibao.typepad.com/
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