Claude Dourguin
[...] Le paysage boréal est inhabitable. Il ne permet, évidence familière chérie, jamais redoutée, que la traversée ; le parcours est la seule approche, cette sympathie dynamique, aérienne qui lie au paysage, fait éprouver sa vérité livre son être même. Certaines hautes terres, roches, landes et pelouses livrées au seul vent accordent cette ivresse. Mais la variété des formes rencontrées, les toits humains en une ou deux journées de marche vite rejoints, provoquent l’attention, sollicitent les rêveries et atténuent l’intensité de la perception de l’étendue, lui donnant les limites des moments. Ici à traverser les centaines de kilomètres sans âme qui vive que le blanc unifie j’éprouve l’espace nu, bien des fois il m’a semblé le pousser devant moi, à l’infini toujours reconstitué, inépuisable, et peut-être est-ce folie dont me tient l’exaltation, avancer projetée vers là-bas, allégée, délivrée des attaches et du regard par-dessus l’épaule, toute entière dessein, tendue vers l’avenir inconnu, illusoire peut-être, qui se confond avec le franchissement des distances. Alors cet élan sans rupture que rien n’arrête — un, jour, la mer, seule — tient lieu de destin.
Claude Dourguin, Laponia, éditions Isolato, 2008, p. 41-42.
Contribution de Tristan Hordé
Née à Lyon en 1946, Claude Dourguin vit aujourd’hui en Haute-Provence. Elle a publié plusieurs livres de réflexions sur la peinture et de nombreuses rêveries autour de ses voyages. Elle a collaboré à l’édition (Tome II) de Julien Gracq dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Bio-bibliographie de Claude Dourguin
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2009/01/claude-dourguin.html
Index de Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/index-de-.html
Une de Poezibao http://poezibao.typepad.com/
Merci, Florence Trocmé!
[...] Le paysage boréal est inhabitable. Il ne permet, évidence familière chérie, jamais redoutée, que la traversée ; le parcours est la seule approche, cette sympathie dynamique, aérienne qui lie au paysage, fait éprouver sa vérité livre son être même. Certaines hautes terres, roches, landes et pelouses livrées au seul vent accordent cette ivresse. Mais la variété des formes rencontrées, les toits humains en une ou deux journées de marche vite rejoints, provoquent l’attention, sollicitent les rêveries et atténuent l’intensité de la perception de l’étendue, lui donnant les limites des moments. Ici à traverser les centaines de kilomètres sans âme qui vive que le blanc unifie j’éprouve l’espace nu, bien des fois il m’a semblé le pousser devant moi, à l’infini toujours reconstitué, inépuisable, et peut-être est-ce folie dont me tient l’exaltation, avancer projetée vers là-bas, allégée, délivrée des attaches et du regard par-dessus l’épaule, toute entière dessein, tendue vers l’avenir inconnu, illusoire peut-être, qui se confond avec le franchissement des distances. Alors cet élan sans rupture que rien n’arrête — un, jour, la mer, seule — tient lieu de destin.
Claude Dourguin, Laponia, éditions Isolato, 2008, p. 41-42.
Contribution de Tristan Hordé
Née à Lyon en 1946, Claude Dourguin vit aujourd’hui en Haute-Provence. Elle a publié plusieurs livres de réflexions sur la peinture et de nombreuses rêveries autour de ses voyages. Elle a collaboré à l’édition (Tome II) de Julien Gracq dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Bio-bibliographie de Claude Dourguin
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Index de Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/index-de-.html
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Merci, Florence Trocmé!
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