terça-feira, 27 de janeiro de 2009

à la mémoire des victimes d' Auschwitz

Primo Levi, à une heure incertaine, traduit de l’italien par Louis Bonalumi
Arcades, Gallimard

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

10 janvier 1946


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merci à Florence Trocmé de m' avoir communiqué la traduction française de ce texte, curieusement écrit deux ans avant ma naissance...

2 comentários:

Rosalia Lerner disse...

Conheço e aprecio a obra do Primo Levi,foi feliz a coincidência de achar hoje este magnífico poema sobre a vida e o Homem

Vitor Oliveira Jorge disse...

Obrigado.
Neste blogue estão talvez uns 150 poemas meus, ou mais. Os primeiros cem foram publicados no livro "Casa das Máquinas", Porto, Papiro, 2008.
Conto este ano, noutra editora (ando à procura) publicar outro livro, "ELECTRI-CIDADE".
Gostava que também alguém, de vez em quando, comentasse esse trabalho, que é saído do meu próprio corpo!