domingo, 14 de janeiro de 2007

Bruyère (Erica)

à maria de lurdes


un jour, après toute une vie consacrée
à la Botanique, Il s’ est approché de moi,
tel qu’ un simple pressentiment, ou une ombre
jaunâtre.

je savais qu’ Il était au courant de tout,
mais Il s’ est retardé si longtemps,
tant d’ années a-t-il fallut de parcourir
des jardins, des labyrintes, des bois,

que je ne voyais plus que les eaux mélancoliques
du ruisseau s’ infiltrant sous le vert.

“Ne sois pas triste”, m’a dit-il, “du fait
que le Jardinier n’ ait pas pu m’ envoyer auparavant.
Il a voulu que tu apprennes à tes dépens
comment dans ces solitudes, dans une étrange harmonie,
convivent l’ombre et la lumière, les herbes rampantes
et les troncs imposants, les jours de bonhomie
et les jours de tempête.

“car personne ne peut faire l’expérience
de la douleur à notre place; et c’est par les injustices
qu’ on renaît, tels ces arbustes
qui prolifèrent partout, triomphant chaque année
des forces de la mort.”

j’ai senti le bras du père, du bon messager;
je me suis retourné: c’ était une longue hampe,
aussi sèche que rationelle, noire, nette.

mais dans sa pointe une feuillle brillait déjà,
l’ incroyable vert d’ une feuille,
où se réfléchissait, au loin,
un très petit regard reconforté.

j’ ai compris alors que mon être était cela,
un champs serein, recouvert de bruyères.


Vítor Oliveira Jorge
Mai 2006



Source:http://www.ibretagne.net/photos/MATT0050

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