Les soit-disant habits fortifiés chalcolithiques de la Péninsule ibérique, dont Susana Oliveira Jorge a montré en 1994 l’ hétérogeité et en conséquence l’ inconsistance typologique en tant que “groupe de sites” (carte de cet auteur-là)
Point très général de la situation
Dans le Nord du Portugal la recherche sur les enceintes chalcolithiques (fin 4e – 3e millénaires av. J. C.) est encore dans une phase très préliminaire.
Même leur chronologie ne montre pas une coupure nette entre le 3e et la première partie du 2e millénaire (traditionnellement désignée « Bronze Ancien/ moyen ») ; tout au contraire, il semble que des sites qui ont été surtout monumentalisées vers 2500 a.C. on resté relativement « stables » dans leur conception générale jusqu’à leur « fin ».
Mais la seule évidence sure qu’ on a à ce respect est très éparse. Aucune enceinte n’ est suffisamment connue dans une ambiance de vallée ou de plaine, bien qu’ on soit sur de la présence fréquente d’ habitats non encore fouillés dans cette situation. Il s’ agit même d’ une des faiblesses de notre recherche, c’ est de commencer à connaître des exemples de sites qui font l’ exception, et non la règle, du « peuplement » et de la constitution de territoires dont l’ organisation sociale nous est pour le moment méconnue.
Il est vrai qu’ une enceinte située à la vallée de Vilariça, commune de Vila Flor (Trás-os-Montes), et qui était pleine de statues-menhirs, n’ a pas regrettablement jamais été étudiée de façon convenable, étant maintenant très abîmée par l’ agriculture (Cabeço da Mina).
Tout ce que nous pouvons dire c’ est que ces types de sites étaient des pôles visuelles et des repères symboliques très importantes dans les territoires, « servant » dans doute à de multiples effets, tant pratiques qu’ identitaires (dichotomies peut-être absurdes pour des populations préhistoriques).
Seulement trois enceintes à caractère monumentale ont été fouillées dans la zone du Douro ou localisées au Nord de ce fleuve, desquelles deux situées dans la région de la commune de Vila Nova de Foz Côa (Haut Douro portugais) – Castelo Velho de Freixo de Numão (fouille terminéee), par Susana Oliveira Jorge (Fac. des Lettres, Univ. de Porto) et Castanheiro do Vento (fouille en cours), para Vítor O. Jorge, de la même Faculté, accompagné de João Muralha Cardoso, Ana Margarida Vale et Gonçalo Leite Velho, archéologues (tous les trois en train de terminer ou de réaliser des thèses de doctorat sur ce type de sites).
La troisième enceinte a un charactère un peu différent des antérieures : Crasto de Palheiros (commune de Murça, Trás-os-Montes) et ses fouilles sont conduites par Maria de Jesus Sanches de la Faculté des Lettres de l’ Université de Porto. Il s’ agit d’ une enceinte qui profite d’ un grand affleurement rocheux qui peut être vu de tout le territoire environnant, et qui a connu à l’ Âge du Fer une deuxième occupation qui l’ a partiellement transformé. On peut parler dans le cas d’ un authentique « monument naturel » aménagé par l’ homme à différentes époques.
Si on tient en compte seulement les enceintes du type Castelo Velho, on voit que malgré les particularités de chacune, elles semblent avoir un
« air de famille » avec les enceintes monumentales du Sud du Portugal, du type Zambujal ou Leceia, ou du Sul de l’ Espagne, du type Los Millares. Cet « air de famille » est évidemment très discutable, car une certaine ressemblance morphologique et même une évidente coincidence chronologique ne nous permettent pas de faire des analogies sous d’ autres angles, analogies qui pourraient être forcées.
Mais, au même temps, on ne peut pas éviter la question - sans tomber évidemment de façon précipitée dans la création d’ un style Millares / V.ª N.ª de S. Pedro / Castanheiro do Vento - question qui consiste à pouvoir accepter des contacts à distance et la construction de dispositifs inspirés dans la circulations d’ idées liées à des élites émergentes pendant le Chalcolithique.
Au-delà de l’ utilisation de certains « produits » transportables, ces élites auraient pu avoir comme "élément de distinction" la capacité de mobiliser la « force de travail » collective pour la construction de grands dispositifs monumentales.
La construction des communautés elles mêmes auteur de leurs « chefs » serait en quelque sorte « complice » de l’action de construction et de manutention que ces « haut lieux » exigeaient.
Un des possibles éléments communs dans la morphologie de ce type de sites d’ hauteur – tout en admettant qu’ il y aura un jour une possibilité de vérifier l’ existence même d’ un tel type – serait l’ existence de
« bastions», c’ est-à-dire, de protubérances subcirculaires dans les murs des enceintes, lesquelles pourraient "servir" simultanément à des fonction « pratiques » (dans notre langage d’ aujourd’hui) et « symboliques », celles-ci liées à une possible déposition d’objets et de produits d’ un certain type à l’ intérieur de ces espaces liminaires.
Cette idée (ou hypothèse) serait renforcée par exemple par l’ importance donnée aux portes, aux passages, tant dans leur construction/obstruction, que dans leur position axée sur des points significatifs du paysage environnant, etc.
Voilà tout un monde de recherche sur lequel nous envisageons d’ échanger des points de vue avec les collègues espagnols, français, et britanniques, de façon à mieux nos comprendre mutuellement en tant que chercheurs et aussi à échanger des équipes à une échelle européenne, pour résoudre un problème de l’ architecture et de la « construction » des territoires et des paysages à une époque charnière de notre histoire commune.
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