sexta-feira, 30 de maio de 2008

Paul Celan

marée basse. Nous avons vu
les balanes, vu
les, vu
les ongles sur nos mains.
Personne n’a découpé le mot dans la paroi de notre cœur.

(Traces du crabe des plages, le lendemain,
sillons de rampants, galeries d’habitation, dessin
du vent dans la vase
grise. Sable fin,
sable gros,
détaché des parois, auprès
d’autres parties dures, dans les
débris.)

Un œil, aujourd’hui,
l’a donné à son frère, tous deux,
fermés, ont suivi le courant jusqu’à
leur ombre, déchargé
la cargaison (personne
n’a découpé le mot dans — —), fait ressortir
le harpon — une langue de terre, devant
un silence
minuscule et non navigable.





niedrigwasser. Wir sahen
die Seepocke, sahen
die Napfschnecke, sahen
die Nägel an unsern Händen.
Niemand schnitt uns das Wort von der Herzwand.

Fährten der Strandkrabbe, morgen,
Kriechfurchen, Wohngänge, Wind-
zeichnung im grauen
Schlick. Feinsand.
Grobsand, das
von den Wänden Gelöste, bei
andern Hartteilen, im
Schill.)

Ein Aug, heute,
gab es dem zweiten, beide,
geschlossen, folgten der Strömung zu
ihrem Schatten, setzten
die Fracht ab (niemand
schnitt uns das Wort von der — —), bauten
den Haken hinaus — eine Nehrung, vor
ein kleines
unbefahrbares Schweigen.

Paul Celan, "Grille de parole" [Sprachgitter, 1959], traduit de l’allemand par Martine Broda, édition bilingue, Christian Bourgois, 1991, repris Points/Seuil, 2008, p. 87 et 86.


contribution de Tristan Hordé
Source: Poezibao http://poezibao.com/

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